Titre : Florida
Auteur : Olivier Bourdeaut
Editeur : Finitude
Nombre de pages : 256
Date de parution : 4 mars 2021
Vous avez aimé En attendant Bojangles pour sa tendresse, sa poésie, sa fantaisie et sa mélodie. Attention, changement de rythme avec Florida, nous sommes plutôt sous les vibrations d’Eminem.
Le jour de son anniversaire, Elizabeth, sept ans, attend la surprise de sa mère. Celle-ci l’habille d’une robe blanche de princesse et l’emmène vers son cadeau : un concours de mini-miss. Sa victoire donne des ailes à une mère qui voudra toujours pousser plus loin la compétition. Mais Elizabeth ne finit plus jamais que seconde.
« Si je n’étais pas assez belle pour gagner, il fallait que je devienne plus sexy, plus féminine, plus provocante, en clair que je devienne plus excitante. »
Olivier Bourdeaut illustre parfaitement la folie des parents prêts à tout pour que leur enfant réalise leurs rêves.
« Elle s’emmerdait et elle m’a transformée en poupée. »
Mais très vite, la poupée se rebelle. Un psychologue préconise d’envoyer Elizabeth en pension ce qui offre à l’enfant une fugue morale. Toutefois, là aussi, sa beauté et son intelligence l’isolent. Elizabeth comprend qu’elle doit se libérer de la prison de son corps. Elle commence par le déformer en ingurgitant de la nourriture grasse. Plus tard, en rencontrant un rasta blanc sportif, elle en fera une autre prison mais cette fois, c’est elle qui est aux commandes.
« C’est le valet et la reine-mère qui m’ont appris à me servir de mon corps pour obtenir une récompense.»
Choqué par les concours américains de mini-miss qui propulsent des enfants sous les projecteurs et les regards lubriques des spectateurs, stimulant les parents aux plus abjects comportements, Olivier Bourdeaut se met dans la peau d’une de ces gamines. Le style s’adapte; il est celui d’une adolescente perturbée qui mue sa tristesse en haine. Petite fille gâtée et ingrate ou enfant bousillée par la bêtise de ses parents, la folie de sa mère et l’effacement de son père, le lecteur hésite parfois tant Elizabeth est antipathique. Mais elle l’annonce, peut-être en reflet de ce que pense l’auteur : elle se fout de l’avis du lecteur.
Ils sont rares les auteurs qui, à l’issue d’un premier succès, osent changer d’univers, de style. Et il faut saluer Olivier Bourdeaut pour cette audace. Sans être un coup de coeur parce que je ne suis pas parvenue à m’apitoyer sur le sort d’Elizabeth comme je peine à le faire sur les Britney ou autres enfants stars manipulés par leurs parents ou le show-business, j’adhère au choix de l’auteur de camper ce personnage de la sorte, avec un style direct et une désagréable odeur de vengeance cruelle.