Titre : Tomber du ciel
Auteur : Caroline Tiné
Éditeur : Les Presses de la Cité
Nombre de pages : 192
Date de parution : 17 septembre 2020
Lorsqu’enfant Talitha devait prendre régulièrement l’avion pour rejoindre son père aux États-Unis après le divorce de ses parents, elle rêvait d’un crash pour ne plus avoir à entendre les disputes des adultes. Là-haut, elle était dans sa bulle, près du ciel.
L’avion, une passion qui ne l’a jamais quittée. A vingt-trois ans, elle devient hôtesse de l’air. Les longs-courriers sont sa famille. Aujourd’hui, elle est pigiste pour un magazine spécialisé dans les voyages et elle prend l’avion pour Singapour. Dans cet Airbus 380, elle se sent chez elle et retrouve ses anciens collègues. Mais elle y rencontre aussi d’autres voyageurs.
Dans ce huis-clos, chacun traîne ses peurs, ses particularités.
La rencontre aussi est un risque. Le vase clos atténue la méfiance, décuple l’attirance.
Saul Melmoth, le co-pilote très professionnel, est en proie à une dépression. Depuis la mort de son père, il entend des voix. Son couple bat de l’aile, il est sous anti-dépresseurs. Lors des tests de pilotage, il a caché sa maladie. Il ne peut rater un dernier vol sur cet avion qu’il adore, un avion en fin de vie lui-aussi. Il a toujours aimé travailler avec Talitha.
Leïla, fille de diplomate, est atteinte du syndrome d’Asperger. Stressée en avion, elle n’en perd pas ses capacités étonnantes liées à une intelligence hors du commun. En professionnelle, Talitha la rassure et peut lui apporter beaucoup de connaissances.
Marie-Ange voyage avec son chien, un chihuahua sur lequel elle a reporté tout l’amour qu’un homme pathétique lui refuse. Talitha, qui elle aussi, sort d’une déception amoureuse, la comprend.
Anil Shankar , un bel homme sans âge, énigmatique , attire leurs regards. Atteint d’un cancer incurable, il se rend à Singapour pour solder ses affaires avant de se retirer dans un ashram.
Dans ce milieu clos et anxiogène, où le cockpit reflète sa définition littérale anglaise ( arène pour combat de coqs), où les zones de turbulence mettent à cran les passagers déjà en proie à leurs problèmes personnels, Caroline Tiné met en mouvement ses personnages plutôt bien ancrés. En journaliste, elle s’est particulièrement bien documentée sur le travail des pilotes et hôtesses de l’air. Sans lourdeur, elle commente les détails techniques dans le poste de pilotage.
Avec un style simple et fluide, un lieu anxiogène, des personnages psychologiquement fragiles, l’auteure compose un roman rythmé, angoissant. Si personnellement, je ne me suis pas suffisamment attaché aux personnages, je ressors de ce récit avec une angoisse accrue à prendre l’avion.